Pêcher sous une chute d'eau avec une mouche sèche
En Savoie, les chutes d'eau sont fréquentes, surtout dans les petits ruisseaux qui traversent de forts dénivelés. Elles demandent une approche particulière pour les pêcher avec une mouche sèche.
Chute ou cascade ? Définitions.
Les "chutes" d'eau sont peut-être abusivement appelées, "cascades".
S'il on en croit la définition de Malavoi, J.R / Souchon Y. Description standardisée des différents faciès... c'est la hauteur qui les différencie. Pour d'autres (m.f. Roche dans traiter d'hydrologie) ce sont les débits. Sans toutefois les quantifier. Dans ce cas, une chute à l'étiage pourrait se transformer en cascade...
On pourrait aussi donner une définition plus halieutique : si une truite peut la franchir, c'est une cascade. Sinon, c'est une chute !
La peur de ma vie au bord de l'eau
Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer ; plus un ruisseau est petit, plus les chutes sont grandes et donc plus le ruisseau est dangereux. Pour vous en convaincre, il suffit de regarder les spots de canyoning.
Une histoire vécue de chute à couper le souffle !
Les chutes d'eau : des réservoirs à truites
Les chutes créent souvent d'importantes fosses de dissipation. Par conséquent, il y a toujours plusieurs truites dont certaines sont parfois très belles.
Encore faut-il réussir à les faire monter sur une mouche sèche !
Quelles zones de pêche faut-il privilégier ?
En tout début de saison,
C'est un lieu où les truites se réfugient durant la période hivernale,
probablement parce qu'il y a suffisamment de profondeur pour éviter que toute l'eau se transforme en glace, ce qui est fréquent dans les ruisseaux de montagne à faible débit.
Peut-être aussi, parce qu'elles n'ont aucun intérêt à perdre de l'énergie dans un courant où aucune nourriture ne dévalera, même si l'on peut imaginer que la présence de grosses truites présente un danger pour les plus petites.
En début de saison, bien qu'elles y soient nombreuses, les truites ne décollent pas du fond. En-tout-cas, je n'ai jamais réussi à en faire monter une.
En revanche, il se peut qu'une éclosion et, peut-être, seulement un rayon de soleil (?) les fassent se déplacer vers la zone la plus en aval dans quelques centimètres d'eau seulement à condition que le courant soit faible.
Si le courant principal est à privilégier, elles peuvent tout à fait être un peu excentrées.
C'est pour cette raison,
qu'il ne faut pas céder à la tentation d'aller tout de suite au pied de la chute ; les premiers lancers doivent être enclenchés bien en aval de cette zone. Il y a d'ailleurs souvent de la place sur le côté pour éviter le dragage.
En été, c'est une place très prisée (par les promeneurs aussi...). L'eau y est très oxygénée.
Cette fois, il y a de nombreuses zones à explorer :
- 1- le radier en aval.
- 2- la zone au-dessus du radier.
- 3- les zones à faible niveau d'eau avec un léger courant.
- 4- les courants longeant les parois.
- 5- le courant au beau milieu sous certaines conditions.
- 6- les contre-courants.
- 7- les zones derrière la colonne d'eau.
- 1- le radier en aval. C'est une zone très souvent délaissée par les pêcheurs tant ils sont pressés d'en découdre avec la grosse de la fosse. Pourtant, il y a parfois une jolie truite en embuscade.
Pour être valable, elle doit bien sûr comporter un poste de surveillance, une cache ou bien, que d'un simple coup de queue, la truite puisse retrouver la fosse.
Une prise ici n'affectera pas les autres zones. Au contraire, s'il n'y a pas de cache, une fuite pourrait donner l'alerte.
- 2- la zone au-dessus du radier. Ça se complique et ce, pour plusieurs raisons.
D'abord, parce qu'on pêche une zone relativement calme depuis un courant rapide. Si rien n'est fait, c'est le dragage assuré. Avantageusement et contrairement, à tous les autres postes de ce type dans les autres secteurs de la rivière, on peut souvent se placer sur le côté, comme je le fais sur l'image au-dessus ("zones de bordure"). On peut aussi parfois profiter du souffle créé par la chute pour augmenter l'effet d'un lancer parachute (blocage canne haute).
La deuxième complication, est la présence possible d'une petite truite. Il faut vraiment s'assurer qu'il n'y a pas un joli poste juste en amont. Auquel cas, qu'on prenne ou pas la petite truite, celle en amont sera alertée. Dans ce cas, il faut pêcher directement le joli poste en passant au-dessus de la petite fario. Le nombre de cas de figure est trop important pour que je puisse en détailler, ici, les approches.
Il est à noter qu'il peut y avoir plusieurs veines d'écoulements. Il faut encore une fois bien les observer pour ordonner son action de pêche.
- 3- les zones à faible niveau d'eau. Elles n'y sont pas en permanence, mais à chaque fois que l'on a oublié de pêcher cette zone, on voit une belle zébrée fuser dans 5cm d'eau comme une torpille !
Elles sont extrêmement difficiles à prendre. Je n'ai d'ailleurs encore jamais réussi à en faire une vidéo. En effet, les truites y sont vulnérables, elles restent donc vigilantes à l'approche de tous les prédateurs. Le moindre mouvement de scion provoque leurs fuites. De même, comme le niveau d'eau est faible, la pose de la soie est délicate. Mieux vaut poser la soie assez loin du poisson ( jusqu'à deux mètres) quitte à animer la mouche pour déclencher l'attaque.
La prise d'une telle truite provoque une sensation extraordinaire de par la difficulté, mais aussi par la puissance dégagée par la truite fusant vers la mouche. Attention à ne pas anticiper le ferrage !
- 4- les courants contre les parois. Il y a ici souvent une truite en poste. Ils sont, en général, faciles à pêcher. Si ce n'est qu'un souffle peut commencer à ce faire sentir dans le courant proche de la cascade.
On peut jouer les coups 5 et 6 avec la mouche utilisée sur le parcours, puis y revenir avec une mouche plus massive. Ceci étant, je ne sais pas s'il y a des truites, mais toujours est-il qu'elles ne montent pas dans les zones trop ventées.
- 5- Au beau milieu du gouffre. Même s'il y a des truites au fond, c'est rare qu'elles fassent le déplacement. Toutefois, s'il y a un léger courant, à peine perseptible, recouvrant un caillou immergé jusqu'à 80-100cm sous l'eau, il faut absolument pêcher le coup !
Là encore, attention de ne pas anticiper le ferrage. On voit les truites monter de loin, surtout si l'on est équipé de lunettes polarisantes.
Un nouveau passage pourra être effectué après le changement de mouche.
- 6- les contre-courants.Voir : comment pêcher les contre-courants.
Un nouveau passage pourra être effectué après le changement de mouche.
- 7- les zones cachées derrière, ou aux abords de la colonne d'eau. Bien que ce ne soit pas systématique, il peut y avoir une fenêtre de gobage protégée par le rideau d'eau. Forcément, c'est un coup plaisant à jouer. Bien sûr, il va falloir avoir assez de puissance pour traverser la bordure du rideau d'eau avec l'artificielle. Il est évident que seulement une mouche massive montée sur un bas de ligne court et puissant, peut faire le travail.
Il faudra aussi réaliser un lancer tendu pour forcer le passage (voir vidéo à 1min15, je ne créé pas de lien direct afin que vous regardiez toute la vidéo !)
Faut-il insiter ?
Sur un parcours classique, sauf lorsque j'ai la certitude qu'une truite devrait monter, parce que je l'ai vu gober par exemple, ou parce qu'aucun des postes habituels ne semble bon sur toute la rivière, je ne fais qu'un ou deux passages.
Parce qu'on pense que l'on va prendre Moby-Dick, on a tendance à s'éterniser au pied d'une chute. En fait,
un ou deux coups maximum dans chaque zone suffisent,
dont un avec une animation en réalisant une succession lente de dragages sur 10 cm dans les zones, sans, ou à faible courant.
Quelle mouche sèche choisir pour pêcher une chute d'eau ?
La partie aval peut souvent se pêcher avec la mouche et le bas de ligne utilisés sur le reste du parcours. Ensuite, le souffle, parfois très fort, créé par les chutes d'eau impose l'utilisation d'un bas de ligne court et puissant équipé d'une mouche charnue.
De plus, il me semble que le volume de la mouche a un effet sur l'intérêt que lui porte la truite. On peut imaginer qu'elle ne va pas dépenser une grande quantité d'énergie pour monter rapidement du fond (car d'autres truites sont aux aguets) pour un maigre moucheron.
C'est pourquoi, j'ai une faible pour la "Sasson". (lien "Sasson" à venir)
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