Dans l'esprit de beaucoup de pêcheurs, la pêche à la mouche sèche n'est pas possible à l'ouverture et ne devient réellement intéressante
qu'au mois de mai.
Pourtant, les pêcheurs d'ombres le savent bien, il y a des éclosions d'insectes toute l'année, même en plein hiver.
S'il est vrai que tous les mois ne se valent pas, le mois de mars est loin d'être le pire,
on peut faire de belles pêches dès l'ouverture,
même en montagne.
Bien sûr, ce n'est pas toujours le cas, l'objectif doit rester modeste;
faire monter sa première truite de l'année me paraît déjà une belle récompense!
Manque de condition physique, température parfois très basse, journées encore courtes, ce n'est vraiment pas le
moment d'aller à la découverte de nouvelles gorges et d'y rester coincé. D'ailleurs, même des gorges connues peuvent avoir
changé de physionomie après un éboulement par exemple.
Je préfère faire la toute première sortie, le plus près possible de la maison. Il est vrai que j'ai de la chance d'avoir plusieurs rivières à truites
à moins de 10km. Même si elles ont souffert de la sécheresse ces dernières années, elles sont parfaites pour faire un bilan en situation réelle
de l'état de mon matériel et de mes réserves abdominales de croziflettes.
Bien que j'entretienne mon matériel mieux que ma ligne, une avarie ou un oubli (remettre le moulinet dans le sac à dos par exemple)
peut rapidement être corrigé.
Si vous n'avez pas cette chance, mieux vaux faire une check-list complète de tous vos besoins et l'améliorer d'année en année afin
que rien ne vous manque le jour J.
Le choix de la rivière souvent déterminant, dans la réussite d'une sortie, l'est encore plus à l'ouverture.
Il faut éviter de pêcher dans des rivières où le débit est trop important. C'est pire encore si il y a
des eaux de fonte de neiges, que l'on reconnaît facilement à leur couleur "menthe glacée". Je n'y ai jamais pris la moindre truite.
J'évite aussi les rivières trop encombrées, car je n'ai pas encore le geste assez sûr pour risquer de provoquer ma patience.
Les lieux adaptés pour la pêche à la mouche sèche en début de saison sont presque les mêmes qu'à la suite d'un orage où l'on cherche à éviter
les eaux troubles:
Autant, en été, il est rare que les truites ne sortent pas au moins une fois dans la journée, autant en hiver, il se peut qu'elles restent calées toute la journée. C'est pourquoi, si rien ne se passe au bout d'une heure, je n'insiste pas et j'essaie de trouver une autre rivière qui serait en activité.
La fenêtre est assez courte. Il est rare de tenter une truite avec une mouche artificielle avant 10h du matin et après 15h.
À midi, en été comme au printemps, la plupart des pêcheurs sont à table, surtout le dimanche. C'est le moment de profiter de la rivière.
En montagne, il faut aussi surveiller la fonte des neiges. En effet, même si ce n'est pas à l'ouverture de la pêche que les fontes sont les plus importantes, elles peuvent influencer fortement les débits et comme je l'ai écrit plus haut ces eaux ne sont pas propices à prendre du poisson.
Sur le graphique des débits ci-contre, on voit bien qu'à l'ouverture de la pêche (ici vers le 20 mars) et aux environs de 14h le niveau monte rapidement pour redescendre dans la nuit. Cela est dû aux différences de température importantes qu'il y a entre le jour et la nuit.
Bien entendu, la courbe est spécifique à chaque rivière. Les eaux de fonte peuvent arriver plus ou moins rapidement dans la rivière.
De nombreux débits de rivières sont disponibles sur les sites https://www.rdbrmc.com et au site https://www.vigicrues.gouv.fr/
Par ailleurs, il peut être intéressant en montagne de regarder si la vallée est dans le prolongement du soleil en utilisant une appli ou un site comme
suncalc.org.
Celui-ci permet aussi de visualiser les ombres ce qui est indispensable en montagne.
C'est assez facile, car le site donne la hauteur du point
où l'on cherche à déterminer l'ensoleillement. Ensuite, il suffit de le reporter dans le champ :" at an objet level"
J'utilise en complément la carte IGN de géoportail pour mieux identifier le sommet qui pourrait me faire de l'ombre.
Si l'eau est directement exposée au soleil, c'est l'idéal.
Je ne pêche rarement plus de deux ou trois heures en période d'ouverture.
En mars, c'est la saison de la March Brown. C'est pourquoi...je pêche avec les mêmes mouches que d'habitude!
Les meilleurs postes sont plutôt dans les eaux peu profondes et lentes, j'utilise alors une mouche qui se pose délicatement comme la "Belle Rousse", un palmer monté sur un hameçon n°12.
Si toutefois, je tente des eaux plus rapides une Patoche, un peu plus fournie qu'en fin de saison, ou une Sasson me convient très bien.
Au niveau des jambes, j'utilise un pantalon de randonnée un peu plus épais que d'habitude, mais sans excès.
Pour la partie supérieure, suivant la température extérieure, elle peut être composée de
Le bonnet est effectivement un élément essentiel, car au bord de l'eau, on ressent une forte déperdition de chaleur
au niveau des oreilles.
Été comme hiver, j'ai toujours dans le sac
En hiver, je pars avec deux bonnets supplémentaires dans la voiture.
Je choisis, entre les trois, au dernier moment en fonction de la température ressentie au bord de l'eau.
Pour les mains, c'est plus compliqué. S'il fait vraiment très froid, il vaut mieux ne pas les mouiller.
Pour cela:
J'ai fait l'expérience d'un bain forcé, après seulement quarante secondes de pêche, lors d'une toute première sortie de l'année!..
Ce fût un bain partiel, mais dans une eau à 5°C, c'est un plaisir subtil réservé aux connaisseurs, qu'il vaut mieux écourter
le plus rapidement possible!
Fort heureusement, j'ai en permanence, été comme hiver, dans le coffre de la voiture une valisette de change.
Mieux vaut vérifier sa présence avant la première sortie.
J'ai aussi apprécié la proximité de la voiture ce jour-là.
Pour finir, pensez au thermos de chocolat chaud. Il sera parfois d'un grand réconfort!
La cueillette de l'ail des ours et de la ciboulette pourra toujours sauver une bredouille...
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