Pêche à la mouche sèche en eaux rapides, ruisseaux et rivières de montagnes
par Gilles CASSAGNE
SPEED-RIG

Ma bo(î)te secrète

Équipement : L'épuisette

L'épuisette en eaux rapides: avec ou sans ?

VIDÉO du développement de l'épuisette avec Mr Benech, ancien pdg de Pafex

L'amélioration de l'épuisette PAFEX pour la pêche itinérante

Il y a déjà pas mal d'articles qui traitent de l'importance d'avoir une épuisette au bord de l'eau. Notamment, pour le respect du poisson. Certains arguments, bien que, rarement sourcés se tiennent.
J'en étais tellement convaincu que j'ai passé plusieurs années de travail à mettre au point une épuisette pour pêcheur itinérant en collaboration avec le fabricant français d'épuisette : "Pafex".
En effet, si elle n'est pas dans un carquois, l'épuisette dans les petits torrents de montagne que je pratique est inutilisable. La topographie de l'espace empêche d'avoir une épuisette dans le dos, car elle s'accroche en permanence, dans les branches, les ronces, etc. Quant aux petites épuisettes portées à la ceinture, elles gênent considérablement les déplacements.

Piece 3D STL epuisette
Une partie de la pièce en vue 3D que j'offre en téléchargement au format STL


Malheureusement, l'épuisette que j'ai développée n'a pas trouvé son marché. Manque de communication ou difficulté à utiliser une épuisette en montagne même améliorée ?
En-tout-cas, quand j'ai voulu avoir l'avis de J.P. Comby auteur de "mouches sèches en eaux rapides" à propos de mes améliorations, il m'a dit ne plus utiliser d'épuisette depuis plus de vingt ans !

L'épuisette n'est plus au catalogue Pafex, je vous fais donc cadeau des derniers fichiers STL que j'ai créés, si vous voulez la fabriquer.

Vous n'aurez plus qu'à les imprimer avec une imprimante 3D.
L'épuisette sur laquelle elle s'adapte est le modèle AYU télescopique. Comme il y a plusieurs types maintenant, il faut vérifier que le diamètre interne du manche est de 21 mm environ.

câble inox 4 mm

Pour finir, il faudra utiliser 30 cm de câble inox 4 mm torsadé et recouvert d'une gaine plastique (utilisée pour les rambardes d'escalier par exemple). D'un diamètre inférieur à 4 mm, il ne permettrait pas d'extraire l'épuisette du carquois.

L'abandon de l'épuisette

La même année, j'ai eu une belle sciatique qui m'a rendu chaque sortie extrêmement difficile. J'ai réussi à continuer à pêcher tant bien que mal, mais chaque gramme dans le sac s'est mis à compter. J'ai donc gardé uniquement ce qui est essentiel à la pêche. Peu de choses en réalité ;

  • le permis
  • une canne
  • un moulinet
  • trois Speed-Rig (soit six types de mouches différents)
  • du mucilin
  • une queue-de-rat de rechange

Si, aujourd'hui, j'ai une bobine supplémentaire pour mon Vivarelli (avec une soie de taille différente), le reste du matériel est consacré à la sécurité (crampons, casque, eau, etc.) .

Lorsqu'on pêche de petits ruisseaux de montagne; il faut bien reconnaître que même dans un carquois, l'épuisette a la fâcheuse habitude de s'accrocher partout. C'est très vite, très pénible.

J'ai laissé l'épuisette à la maison, depuis, je ne l'ai jamais ressortie !...

L'épuisette, mais pas que...

Depuis que je pêche, je n'ai jamais vu aucun de mes poissons en difficulté à la remise à l'eau, sauf une fois, une truite du Rhône de 50 cm très puissante. Cette "bûche" n'avait pas regagné le Rhône après la reproduction. Pourquoi? Etait-elle en fin de vie? J'essaie sûrement de me donner bonne conscience, car je l'ai travaillée trop précautionneusement de peur de la perdre; quand j'ai voulu la remettre à l'eau, elle n'est pas repartie. Pourtant,...j'avais utilisé l'épuisette !

Comme l'eau de montagne est très oxygénée, le temps de combat est, fort probablement, LE critère prépondérant pour effectuer une remise à l'eau dans les meilleures conditions.

Le diamètre du fil

Le fil le plus fin que j'utilise est de 14/100ème et la majeure partie du temps, j'utilise un diamètre de fil supérieur à 16/100ème, car en général, en eaux rapides, la difficulté de la lutte, consiste plus à empêcher fermement le poisson de rejoindre des zones encombrées, qu'il a parfaitement intégré, plutôt qu'à le travailler jusqu'à l'épuisement.
Très souvent, il n'y a pas grand-chose à faire quand un gros poisson piqué file vers une telle zone. Ils ont d'ailleurs l'art de se décrocher en fixant solidement la mouche dans du bois immergé ou sous un rocher comme s'ils avaient aussi des mains !
Ce qui revient à dire que l'épuisette me serait utile deux fois dans l'année pour des poissons avoisinant les 40 cm récalcitrants. Notamment en plaçant l'épuisette dans une veine d'eau dans laquelle la truite va naturellement se laisser glisser.
Ce qui est sûr, c'est que c'est moins nocif que d'utiliser du 10/100ème pour pêcher des truites de 35-40 cm et d'être obligé d'asphyxier la truite pour ne pas la casser.

Pour faire des prises complémentaires pour certaines de mes vidéos, je retourne régulièrement le lendemain sur le lieu de tournage de la veille. À ce jour, je n'ai jamais vu de poisson mort après mon passage.

Les ardillons

On pourrait imaginer que les dégâts causés par l'utilisation d'ardillon sont importants. Pour autant, pour nos artificielles, une étude très sérieuse montre que la différence est infime "Pour les mouches et les leurres combinés, la mortalité moyenne à l'hameçon était de 4,5 % pour les hameçons à ardillon et de 4,2 % pour les hameçons sans ardillon"
Je n'ai pas lu toute l'étude, mais on peut supposer qu'elle ne tient pas compte des truites décrochées.

Si je n'utilise jamais plus d'ardillon, c'est qu'un jour, j'ai pris une petite truite dont la lèvre est restée sur l'hameçon, j'en ai fait un cauchemar la nuit. Depuis, j'écrase l'ardillon du stock qui me reste avec et je n'achète plus que des hameçons sans ardillon. Pour la petite histoire, j'ai repris quelques semaines plus tard cette petite truite à la gueule cassée qui avait survécu, mais qui m'a laissé pour longtemps un goût amer...

Il y a évidemment plus de décrocher, car en eaux rapides où la truite vise successivement plusieurs zones pour se cacher , il est alors difficile de garder une tension constante sur le fil. Néanmoins, ce sont souvent de petites truites, qu'il est aussi bien de ne pas prendre (sauf peut-être la toute première qui sauve la bredouille pour les gens qui, comme moi, ont des fiertés mal placées !). Les plus grosses, elles, aspirent l'eau pour gober ce qui fait que la mouche est mieux placée lors du ferrage.

Il semblerait que sur les réseaux sociaux plus personne n'utilise d'ardillon. Pourtant, quand je vais au magasin de pêche, il n'y a qu'une seule référence d'hameçons sans ardillon dans la zone mouche... Cherchez l'erreur !

pince-ciseaux accessible La pince-ciseaux sur son dérouleur prête à être dégainée!

La pince-ciseaux

Il est très important aussi d'avoir une pince accessible immédiatement pour décrocher le poisson en cas de prise un peu trop profonde. Ce qui, bien sûr, est rare quand on pêche avec une sèche.
Plus rare encore, l'hameçon est engamé si profond que la mouche ne veut pas sortir, il faut alors couper le fil immédiatement.

La récupération d'une mouche ne justifie pas la mort d'une truite !

Est-ce que je vous conseille de ne pas en prendre ?

Non plus !... Si vous pêchez les mêmes rivières que moi et, même si je me doute du résultat, il me paraît bon que vous fassiez vous-même votre avis.
Si vous pêchez les rivières puissantes des vallées de montagne, elle sera très utile pour extraire les truites des forts courants.

Comment recueillir une truite dans sa main.

VIDÉO du départ virulent d'une truite au moment où elle me voit

Voici une ancienne vidéo vraiment parlante en ce qui concerne le stress dû à la prise d'une truite.
On voit bien dans un premier temps que la truite est très agacée par l'hameçon, mais elle ne semble avoir que peu de stress. En effet, elle se laisse manœuvrer avec nonchalance, en essayant juste de se débarrasser de l'hameçon.
En revanche, au moment où elle m'aperçoit, elle prend un véritable coup de stress qui la fait fuir dans un rush très violent.
Pour diminuer ce stress, il faut donc s'accroupir bien avant l'approche de la truite.

Avant cela, dès le début de la prise, il faut repérer une zone calme qui facilite grandement la capture du poisson. Cette zone peut se trouver en aval de la zone de pêche. Auquel cas, il est assez facile de guider la truite vers le courant qui y mène. Cela représente aussi un avantage, car la truite n'aura pas la connaissance du lieu et des éventuelles caches. Bien qu'elle en trouve quand même !
Le poisson doit être fatigué sans excès.
Il est bon de ravaler toute la soie avec la gâchette du Vivarelli, cela dégage la zone de récupération de la truite et cela évite un sac de nœuds si jamais elle devait se débattre à cet endroit.
De plus, cela permet de confier au frein du moulinet un éventuel départ, bien plus compliqué à gérer si on maintient la soie avec l'index. À cette fin, je desserre fortement le frein de mon Vivarelli. Le contrôle est repris rapidement avec la main gauche.


La main est mouillée, puis placée dans l'eau, immobile, prête à recueillir la truite.
La truite est alors guidée par la canne délicatement dans la main toujours immobile. Avec un peu d'expérience, on est pratiquement aussi efficace qu'avec une épuisette.
Si, toutefois, la truite fait un mouvement brusque, il faut la laisser repartir, puis recommencer la manœuvre plutôt que d'essayer de serrer le poisson au risque de le voir vous échapper des mains comme une savonnette et de finir la tête contre un rocher.

empan pur mesurer une truite
Mesurer avec son empan.
Placer la souris sur l'image



Si je veux connaître la taille de la prise, je ne perds pas de précieuses secondes à utiliser un mètre.
Je me contente de placer ma main le long de la truite et d'un bref coup d'œil, j'estime la taille du poisson en le comparant à mon empan.
Placer la souris sur l'image

De même, si je fais UNE photo, pour ne pas perdre de temps, j'ai l'appareil en bandoulière. Si je filme, je ne fais plus de photo.

Dans tous les cas, la remise doit être rapide.

Et si l'épuisette était nocive aussi en montagne ?

Ma grand-mère disait souvent: "l'enfer est pavé de bonnes intentions !". L'utilisation de l'épuisette pour protéger le poisson en est peut-être une.

On se doute bien que l'épuisette ne ramasse pas que les poissons dans les endroits pollués. Des agents pathogènes restent sur l'épuisette (voir l'article ci-contre).
On peut imaginer qu'en montagne la pollution est moindre, pourtant les truites ont comme ailleurs des périodes avec des virus.

Qui désinfecte son épuisette d'un poisson à l'autre ? Personne.
D'une rivière à l'autre ? Je n'en connais pas.

Au moins les mains, elles, normalement, sont savonnées entre deux sorties !

Faudrait-il se désinfecter les mains au gel hydro-alcoolique et changer de mouches à chaque prise ?
Je suppose que si je pêchais dans des lieux où sévit la PKD (Proliferative Kidney Disease) et d'une manière générale, en plaine, je me poserais sérieusement la question !
D'ailleurs, je vais réfléchir à un tel système à placer sur la bretelle de mon sac à dos. Il y aura trois contraintes à réaliser:

Je vous tiens au courant!

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